22/02/2017

Présidentielles : Zoom sur Philippe Poutou

L'anti-capitaliste anti-président

          En 2007, il y avait un homme, proche des Français au quotidien, qui avait décidé de "l'ouvrir grand" et de rendre au peuple son pouvoir. Cet homme, c'était Olivier Besancenot, sous la bannière de la Ligue Communiste Révolutionnaire (en lice depuis 2002, pour être exact). Pris pour un fou par certains, maladroitement raillé par d'autres, Besancenot termina sa campagne en obtenant la cinquième place aux présidentielles, avec les honneurs. Fort d'idées plutôt radicales et parfois même provocatrices (je me rappelle qu'il proposait de placer les SDF dans les locaux non exploités de l'Elysée, par exemple), l'un des plus célèbres postiers de France (après le Facteur Cheval, s'il faut en connaître qu'un seul autre) est arrivé à se tailler une réputation, un nom qui parle. Là où les élites se frictionnent à la télé pour faire des étincelles (en monopolisant sans problème les médias), ce messager du peuple donne de la voix et parvient à se faire entendre. Aujourd'hui, ceux qui suivaient Besancenot se retrouvent à supporter une nouvelle écurie (LCR 2.0, j'ai envie de dire) : le Nouveau Parti Anti-capitaliste.

          Ceux qui trouvent que le NPA est trop axé sur la lutte ouvrière et que Poutou n'a pas le charisme d'un président ne connaissent absolument rien du projet de son mouvement (ou se sont contentés de bribes, ci et là). J'irai même jusqu'à dire que ces personnes là, perdues dans les préjugés et (du coup) leur ignorance, sont incapables de choisir un candidat en argumentant sur ses idées, préférant opter pour celui qui aura "bien parlé" lors des débats télévisés. Autant être franc : je ne supporte pas ce genre de citoyens, flemmards et superficiels. Pour les défendre, on peut dire qu'ils sont le résultat d'une société de consommation instantanée, du formatage médiatique actuel où tout est diffusé, vite et brut, quitte à être incomplet voir incohérent. Je ne partage pas cet avis victimisant, car aujourd'hui, justement, la société offre dix milles moyens de s'instruire sur divers sujets (notamment grâce à internet). Lorsque l'on se cultive "par soi-même", on se forge davantage sa propre opinion. Ceci n'est que mon avis, bien sûr.

          Revenons à nos moutons, même si ce n'est pas le cas de le dire, et fixons nous sur ces propositions émanant du NPA. Poutou a plusieurs chevaux de bataille, j'ai donc tenté de relever les plus intéressants et originaux (par rapport aux autres candidats), ci-dessous (source : Poutou 2017).

Les 6 propositions essentielles du NPA de Philippe Poutou
  • 1ère proposition : Supprimer la fonction présidentielle, au profit d'une démocratie directe.
  • 2nde proposition : Réappropriation/répartition des richesses, par le biais d'une reconstruction des services publiques (santé gratuite pour tous, transports gratuits, monopole publique de l'énergie, système bancaire socialisé, etc...).
  • 3ème proposition : Lutter ardemment contre la fraude fiscale (renforcer les administrations compétentes, briser l'autorité non élue du Conseil Constitutionnel qui fait barrage aux réformes sur le thème depuis bien longtemps, etc...). Rappel : la fraude fiscale (rien qu'en France) représente environ 600 milliards d'euros.
  • 4ème proposition : Interdiction totale, sur le territoire, des PGM (plantes génétiquement modifiées) et des OGM (sauf en cas d'utilité médicale, en confinement), non-commercialisation des produits comportant des PGM ou des viandes nourries à base de PGM. Retour à l'agriculture paysanne de proximité.
  • 5ème proposition : Empêcher les licenciements, sinon les interdire. Exiger le remboursement des aides publiques par les entreprises qui licencient/délocalisent, construire une solidarité entre les salariés d'un même groupe (jusqu'au-delà des frontières).
  • 6ème proposition : Un toit c'est un droit! Réquisition des logements et des immeubles de bureaux non occupés, afin de réduire drastiquement le nombre inquiétant de 890 000 personnes sans logement personnel. Interdiction des expulsions sans relogement, blocage des loyers à 20% maximum du revenu et augmentation du budget public destiné  au logement.

          La première proposition est, pour moi, de loin la plus intéressante et innovante du programme de Poutou. Elle passe par une restructuration complète du système politique de la France, et un changement de vie majeur pour tous les citoyens. Il faut travailler ce projet si nous voulons finir par évincer complètement les élites, se défaire des politiciens corrompus qui entravent et ponctionnent la République depuis trop longtemps. Les Français se plaignent sans cesse de ne pas être correctement représentés par les élus, qu'ils prennent eux aussi leurs responsabilités alors! Comme vous avez pu le remarquer, je défends toujours les contre-propositions. Elles sont en effet utiles au débat, tandis que les simples revendications émises sans proposition (par exemple, se contenter de dire : "stop aux politiciens pourris!") n'attisent que le feu, et ne suggèrent aucune perspective d'avenir différent. Ici, Poutou est fort d'un changement réel et concret, qu'on l'approuve ou pas il faut bien le reconnaître. Par contre, je ne sais pas si les Français sont prêts à mener une vie militante (je parle de ceux qui ne s'intéressent que très peu à la politique et à ce qu'il se passe au sein du gouvernement, surtout), au point de se rendre aux forums publiques et aux urnes chaque Dimanche... C'est sûr qu'en optant pour un système de ce genre, tout le monde devra s'y mettre, ce qui serait plutôt bénéfique à mon avis (quand on voit ce qu'on voit...). Cependant, j'entends déjà certains râler parce qu'ils ne trouvent pas ça "intéressant", ou qu'ils prétendent ne rien comprendre. Ceci dit, rien ne les empêche de demeurer abstentionnistes, en espérant qu'ils ne viennent pas ensuite scander que les décisions prises sont stupides. A dire vrai, il y a quand même des similitudes très fortes avec le système actuel, mine de rien...

          La seconde proposition du NPA s'installe dans une logique communiste encrée chez Poutou et Besancenot. En écrivant cela, je sais que bon nombre de lecteurs vont se mettre à dénigrer tout ce qui pourra être dit sur cette fameuse seconde ligne. Certains clameront : "le communisme mène à la dictature, regardez la Russie et la Chine!" D'autres se montreront plus mesurés : "les communistes sont des doux rêveurs, aujourd'hui c'est la capitalisme qui domine et qui marche!" Et pourtant, un peu de communisme parfois peut faire du bien, sans tomber dans le totalitarisme ni même le fanatisme. Cette seconde proposition, donc, met en place des services publiques restructurés, beaucoup plus actifs et présents sur le territoire national. Il s'agit essentiellement de reprendre les entreprises publiques aux actionnaires privés. Chose louable, mais difficile à financer tant la transition capitaliste a marqué ces institutions autrefois nationales. Avec les budgets d'aujourd'hui, je ne pense pas que cela soit possible à 100%, même au terme de cinq ans de travaux en ce sens. Ce genre de projet peut être très long et repose sur une croissance de nouveau forte, deux éléments peu adéquats dans le monde moderne. L'idée a, néanmoins, son pesant d'humanité et de bonne volonté.

          La troisième proposition de Poutou et ses copains est on ne peut plus sensée : stopper les fraudes fiscales (en priorité celles de grande ampleur). Cette suggestion devrait être obligatoire pour tous les candidats qui prétendent faire preuve d'un peu de bon sens. On ne peut plus laisser la poignée de super-riches diriger ce monde et le toiser du sommet de leurs fortunes disproportionnées (souvent gonflées par la fraude, justement). Comment peut-on en être arrivé à un point où une personne peut être plus riche qu'un pays? Nous avons laissé faire pendant des décennies, maintenant que les inégalités n'ont jamais été aussi fortes il faut absolument se pencher sur la question. D'ailleurs, ce point soutien fortement la répartition des richesses plus juste, prônée par les Anti-capitalistes. Une excellente ligne de leur programme, en somme, qui devra être soutenue par l'Europe toute entière pour lui permettre d'être vraiment efficace. Si les gouvernements ont un minimum de jugeote (avec des si...), ils appuieront sans douter ce genre d'initiative.

          Vient à présent le quatrième point relevé par mes soins : la fin des PGM et OGM en France. Là encore, découle une proposition pleine de bon sens. La science a créé ces organismes contre-natures, surproducteurs, amenant cette tendance de la surconsommation inacceptable dans le monde entier. Cette idée militante vise à protéger les Français d'abord, puis le reste du monde sur le moyen terme. On ne peut plus se nourrir de cette industrie malsaine, aseptisée, qui tue notre santé à petit feu. De plus, la planète a besoin que l'on arrête cette surproduction, c'est le devoir de notre génération. Car oui, cette vague de pseudo-modernité était belle et bien une erreur commise par nos aînés, qui ont cru à la providence alors que ce n'était qu'une autre mauvaise facette de l'humanité. On ne peut les blâmer, néanmoins il ne faut pas soutenir cette erreur. Changeons les choses, refusons les PGM et les OGM tout simplement. Ce point du programme de Philippe Poutou est tout à fait justifié et clairvoyant. A voir s'il aura la force de combattre les lobbys de l'industrie agro-alimentaire (entre autre). Bien que ce ne soit pas seulement son combat, mais aussi celui de tous les Français (d'où l'importance d'une démocratie directe dans ce projet, soit le moyen le plus radical pour que tout le monde soit concerné).

          Cinquième ligne de conduite pour le NPA : mieux protéger les employés et l'emploi en France. Contrairement aux libéraux, en grande vogue en ce XXIème siècle, les anti-capitalistes pensent que c'est en dressant des mesures contre les entreprises, qui licencient, et en les pénalisant lourdement en cas de délocalisation que nous préserverons l'emploi en France. Cette proposition a deux facettes, évidemment une bonne et une assez mauvaise. Aujourd'hui, il est vrai que les entreprises (qui en ont la capacité, donc pas franchement le magasin de farce-et-attrape du quartier) regardent facilement chez nos voisins afin de pouvoir s'y installer. Tout ça dans le but de diminuer les coûts et de rentabiliser l'activité au maximum. Dans un système comme celui-ci, la France s'est vue défraîchie de son industrie et même d'une part de son agriculture, laissant place à une société de service (essentiellement basée sur l'achat et la revente, mais pas que). Les quelques entreprises industrielles qui restent sont : soit tenues sur le territoire par le gouvernement (subventions, demandes publiques, etc...), soit obligées de rester ici pour des raisons techniques ou de main d'oeuvre qualifiée rare (bien sûr, il y a d'autres cas de figure, un brin plus honnêtes et moins forcés, je parle là d'une majorité). Cette situation ne peut plus durer, des milliers (millions?) d'emplois sont en jeu. C'est certainement en voyant cela que Philippe Poutou prit peur, puis décida d'émettre ce genre de proposition. Néanmoins, la réalité reste la même : la France est restée à un certain niveau d'industrie que d'autres nations ont atteint, pour moins cher dans la plupart des cas (le concurrent majeur étant la Chine, bien rude à contrer vous l'imaginez). Bref, je ne pense pas qu'empêcher les licenciements en forcing comme le propose Poutou soit une bonne idée, même si ce serait effectivement une solution pour préserver les emplois qui n'ont pas déjà été perdus. Sauf qu'avec notre taux de chômage actuel, ce n'est pas ce qui convient le mieux. La France cherche à créer des emplois supplémentaires, et le protectionnisme social du NPA peut faire fuir les investisseurs (capitalistes oui, navré) capables de créer de l'embauche. Néanmoins, le mouvement anti-capitaliste reste cohérent avec son idéologie communiste tout en défendant son point de vue, ce qui n'est pas le cas de tous.

          Dernier point d'orgue relevé du côté de Poutou, déjà remarqué en 2007 par le biais de Besancenot : le logement Français. Le concept est simple : utiliser les potentiels bâtiments de logement pour accueillir les personnes sans domicile fixe. Logique, plein de bon sens, à ceci prêt que cela revient parfois à remettre en cause l'autorité des propriétaires. Je suis globalement pour, mais il ne faut pas forcer (à nouveau une histoire de rapport de force dans cette analyse, vous remarquerez) les propriétaires à loger des inconnus. Tout doit passer plus diplomatiquement, en mon sens, par des négociations et des solutions alternatives éventuelles. Imaginons, pourquoi pas, amener les propriétaires des potentiels logements actuellement non occupés à financer en partie la construction de nouveaux logements sociaux, s'ils refusent de laisser leurs biens à disposition des personnes non domiciliées. Bref, je pense que Poutou devrait la jouer plus fine, car c'est ainsi que va le monde. On ne dicte pas sa loi, même au nom du bon sens et de l'humanité, sans écouter ce qui se passe autour. Lorsque des oppositions ont lieu, c'est au rôle du gouvernement de jouer diplomatiquement (en tout cas, lorsque c'est possible), en passant par des débats, des votes, puis des négociations entre les parties.

          Nous voilà à la fin de cette analyse sur ces six idées essentielles à retenir du Nouveau Parti Anti-capitaliste. Force est de constater que ce mouvement a de bons arguments pour la plupart de ses propositions. Cependant, je crains que Poutou ne prenne pas suffisamment en compte le fait que le capitalisme est bel et bien le régent du monde. On ne peut donc pas le renier si facilement, sans passer par des mesures plus diplomatiques et douces que celles suggérées. Olivier Besancenot répondra certainement à cela en disant que le monde n'est pas doux avec le peuple, alors le contre-sens n'a pas lieu. Sauf que si, car la force du peuple est amoindrie face aux grandes richesses internationales. Et lorsque nous sommes en position de faiblesse, il faut savoir être plus malin que les autres pour s'en sortir, ce qui passe par des négociations bien menées, amenant souvent à une avancée progressive mais sûre. De plus, le financement du projet des anti-capitalistes est dans le flou complet. Sans oublier qu'aujourd'hui notre budget gouvernemental met la priorité sur le remboursement de la dette (dont nous sommes capables, seulement, de payer les intérêts, pour rappel). Nous sommes donc face à un programme intéressant, aux idées variées et peu conventionnelles, mais avec ses défauts marqués au fer rouge (du communisme?) tout de même. Poutou nous prête à réfléchir dans tous les cas, et sa voix est importante dans le paysage politique Français, puisqu'elle est vraiment celle d'un homme du peuple. J'arrive à apprécier certains concepts de son projet, personnellement. J'espère que les médias finiront par lui donner la parole (il serait temps!), afin de voir ce que les élites peuvent bien tenter de lui répondre...

          C'était l'analyse politique du Penseur Disparu, pour vous servir, à votre tour de réfléchir à tout ça chers lecteurs.

Le Penseur Disparu

06/02/2017

Légèreté : Pourquoi je ne suis pas candidat aux présidentielles

Ne soyez pas déçus

          C'est officiel : je ne serai pas candidat aux élections présidentielles de 2017. Ne pleurez pas, n'écrivez pas de commentaires larmoyants, ni même plaintifs, rien n'y changera. Ma décision est prise, après cinq bonnes minutes de brainstorming intensif. J'ai hésité, je me suis "tâté" comme disent les jeunes, puis la voie s'est éclaircie soudain, alors que la radio entonnait "Tout nu et tout bronzé", célèbre tube incontournable de Carlos. Afin de simplifier la lecture de ce billet, capital pour l'histoire de notre pays (et de vous épargner maintes explications vaseuses par la même), je vous ai dressé une petite liste (non exhaustive) des meilleures raisons qui m'ont mené à ce choix, si déroutant pour tous mes fidèles (dédicace à mon voisin du dessus et à ma boulangère au passage, fervents défenseurs de mon jeune parti ; Bleu Gland Rouge) :

1. Le manque de temps : la vie d'un homme est parfois rythmée, très rythmée. La mienne est déjà bien pleine. Je fais du football (je suis remplaçant, mais je fais d'excellents mojitos à la mi-temps, ma participation est donc essentielle), je chante sous la douche (oui, seulement sous la douche, c'est mon Olympia à moi), je collectionne les pièces de 20 centimes (ce qui n'a pas de nom, et ça c'est original). Bref, je ne vais pas étaler ma vie, ô combien importante (c'est ma maman qui me l'a dit), mais c'est clair que mon agenda est overbooké (comme vous le remarquez brillamment, je suis bilingue à mes heures). Alors oui, certains me diront que j'aurai très bien pu supprimer une ou deux activités peu intéressantes et inutiles, comme les weekends au spa, la méditation ou encore mon travail (qui me prend beaucoup trop de temps sur maon interminable semaine de 4 jours d'ailleurs). Néanmoins, je refuse de devenir responsable, voir adulte, juste pour ce job de Président, ne nous emballons pas.

2. Le manque de signatures : la falsification des 500 parrainages demandés a échoué. Pourtant, j'avais demandé à Raoul, le meilleur imitateur de signatures du quartier, de me faire ça proprement. Payé d'avance, Raoul a disparu avant même de m'avoir livré les soi-disant documents... Merci la solidarité!

3. Le manque d'amis... politiciens : à vrai dire, cette troisième raison précède un peu la seconde. J'avoue que la dernière manif contre le port des vêtements en Été ne m'a pas aidé... J'avais pourtant demandé à Gérard de nous prendre des cagoules pour pas être reconnus! Enfin bref, mes erreurs de jeunesse me poursuivent. Il y avait bien Mr Robert Ménard qui était chaud (comme la braise, le petit Rob) pour me soutenir. Mais quand il a su que j'étais aussi d'accord pour ne plus ramasser les excréments des animaux sur les trottoirs, il ne m'a plus jamais parlé. Son dernier message citait d'ailleurs des noms de terroristes reconnus, ça ressemblait à des insultes en y repensant, étrange.

4. Le manque d'amis... tout court : mon dernier meeting au parc pour enfants n'a pas été très concluant. Heureusement que Kevin, un brave type tout à fait respectable de 9 ans et demi, était là pour me soutenir et, notamment,  militer fermement en faveur de ma proposition contre les fausses cartes Pokémon. Jusqu'à ce que la gendarmerie débarque, sur demande d'un parent totalement immature, bien peu ouvert d'esprit à mon grand dam.

5. J'ai trouvé une autre "occupation" : être Président aurait été un honneur, sauf que ce n'est pas aussi intéressant que de flamber des bananes (c'est si bon), ou encore de faire des défis vidéos sur Facebook (Bucket Challenge ma gueule!) et Twitter (il suffit de voir la tronche des anciens hommes en poste pour s'en rendre compte ; leur côté festif a été enterré avec leur réputation). Ma nouvelle occupation sera également importante, ne vous inquiétez pas : je vais m'initier au djembé. Instrument rythmique intuitif, nulle doute que mes expérimentations musicales seront très utiles à la France. Vous ne pensez pas? Vous avez sans doute sans raison. R.A.B!

          Voila le moment tant redouté des "adieux". Enfin, des "au revoir", puisqu'il y a des chances pour que je refasse surface en 2022, vous imaginez bien (c'est la règle numéro une des élections : réchauffer les vieilles recettes, jusqu'à ce qu'on les avale ou les régurgite, ça dépend). Retenez bien ce message, chers citoyens : un jour je serai le meilleur penseur. me battant sans répit. Je ferai tout pour être le vainqueur, et gagner les défis. Je parcourrai la France entière, militant avec espoir. Les politiques et leurs mystères, les vendeurs de faux espoirs.

          Merci, Dieu vous bénisse. Que Philippe Katerine nous envoie son programme pour sauver la France!

Le Trolleur Disparu

04/02/2017

Présidentielles : Zoom sur Nicolas Dupont-Aignan

Tous les Nicolas sont dans la nature

          Dupont-Aignan, le nom d'un père de famille, d'un gaulliste, qui sera candidat aux élections présidentielles de 2017, sous sa propre bannière : Debout La France. Pour être honnête, je ne le connaissais que très peu avant de me lancer sur cet article. Je fus donc agréablement surpris de découvrir un homme qui a l'air d'avoir des convictions profondes et qui aime infiniment son pays. J'ai épluché son programme pour 2017, regardé maintes vidéos de ses interventions récentes, et je dois avouer que son discours est rafraîchissant. Porté sur l'honnêteté, NDA clame haut et fort que la France doit recentrer ses objectifs sur elle-même, balayer les profiteurs internes et redorer son blason avant de regarder au-delà. Ce n'est là que l'idée générale de sa proposition, avouez qu'elle est louable et sonne plutôt bien.

          Le mouvement Debout La France est présenté par nombre de médias comme l'homologue de droite d'En Marche, d'Emmanuel Macron. A cette comparaison je dis stop! Je m'explique : c'est notamment en ne cessant de fonctionner avec des clivages politiques que l'on en arrive à annoncer "la primaire de la gauche", alors que l'on ne parle QUE du Parti Socialiste, qui n'est absolument pas la gauche politique entière (ceci n'est qu'un exemple du comportement médiatique qui m'agace). C'est sûr, les gens aiment bien pouvoir mettre dans une case telle ou telle personne, mais la vie ce n'est pas ça, la réflexion encore moins. Rien n'est tout blanc, ni tout noir : les nuages sont gris et le ciel est bleu, l'herbe est verte et le bitume est anthracite. Ces images ne sont pas des provocations, elles sont réelles. Je déclare donc la bienvenue à ceux qui viennent d'atterrir dans le vrai monde! Où NDA n'est pas libéral comme Macron et où Macron n'a pas le populisme de NDA.

          Recentrons nous sur le sujet initial : le programme de Nicolas Dupont-Aignan. Déjà, on s'aperçoit que NDA a bien fait de sortir des "grands" partis de France. C'est le premier pas vers l'émancipation du système classique, dans lequel s'enferment les politiciens les moins confiants et les plus belliqueux (je ne citerai pas de noms). Debout La France a donc cette capacité à flatter ceux qui en ont marre de l'ex-UMP et du PS, tout en étant une alternative moins radicale aux extrêmes forts de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon, pour ne citer qu'eux. La place du mouvement est, par conséquent, tout à fait justifiée et cohérente. Et pour répondre à ceux qui veulent absolument comparer les deux candidats majeurs "indépendants" de cette campagne : Macron sort tout juste de l’œuf du PS et n'a même pas encore de programme complet à proposer (privilégiant les meetings, entre autre), quand NDA tient la baraque depuis plusieurs années (marquées par la candidature de 2012 notamment). On peut donc présumer que, si l'on met côte à côte les deux mouvements concurrents, l'un a objectivement plus de maturité que l'autre. J'ajouterai que les idées mûres, réfléchies et étudiées longuement, sont raisonnablement plus fiables que les plans sur la comète. Bien entendu, pour en juger définitivement, il faudra voir le programme d'En Marche, s'il sort avant les élections (j'ironise, mais pas trop)... Néanmoins, pour le moment, c'est celui de Debout La France qui nous intéresse. L'essentiel de ce qui suit se base sur les données du site NDA-2017.

Les 10 thèmes retenus (sur 28) du Programme de NDA
  • 1er Thème : Moraliser et refonder la politique, exiger un casier judiciaire vierge pour tout candidat à une élection.
  • 2nd Thème : Europe, dénoncer les traités européens pour retrouver la maîtrise de nos lois, de nos frontières et de notre budget.
  • 3ème Thème : Instruction publique, supprimer les réformes du collège et des rythmes scolaires.
  • 4ème Thème : Retraites, 100€ par mois en plus pour 6 millions de retraités.
  • 5ème Thème : Défense, recruter 50 000 militaires.
  • 6ème Thème : Economie, travail, abroger la directive dite « travailleurs détachés » qui légalise le travail low cost et la concurrence déloyale des pays européens de l’Est et du Sud.
  • 7ème Thème : Agriculture, instaurer une exception agricole à l’OMC et dans tous les accords commerciaux sur le modèle de l’exception culturelle.
  • 8ème Thème : Environnement et énergie, remplacer les 10 millions de véhicules les plus énergivores en 10 ans par le biais d’un bonus/malus plus efficace.
  • 9ème Thème : Sécurité et justice, rétablir les contrôles aux frontières et supprimer les accords de Schengen.
  • 10ème Thème : Santé, créer un système unique de santé et améliorer le remboursement des soins dentaires de base des lunettes et des prothèses auditives.
          Le premier thème, récurrent dans les interventions publiques de Mr Dupont-Aignan, est le nettoyage de printemps. Au niveau politique, j'entends, l'expression est plutôt même très valable étant donné la date des élections. Soit, avec NDA fini les anciens privilèges des élus et terminé le cumul des rémunérations. Les politiciens reprennent une place plus juste et moins favorisée dans la société. Du moins, en théorie, n'oublions pas que ce genre de promesse peut vite être abandonnée en cours de route. Néanmoins, si NDA maintient cette mesure, je dis chapeau, le bonhomme a du cran et c'est plutôt rare ces temps.

          Cette purge de la politique Française passe aussi par une diminution des effectifs parlementaires, la suppression des conseillers régionaux (ramenés à un échelon inférieur de conférence régionale) et la prise en compte réelle des votes blancs. Ce dernier point est extrêmement intéressant et marque là une vraie volonté d'entendre les Français qui ne pas sont satisfaits par ce qu'on leur propose. Dans le détail, cette dernière proposition incombe que : si le vote blanc est majoritaire à une élection, le scrutin est reporté et les candidats battus ne peuvent pas se représenter. Cela s'appelle respecter le peuple, soit ce que doit être la démocratie. En analysant cette partie du programme, j'ai compris en quoi NDA se rapprochait de De Gaulle. Notre ancien président, icône de la France même encore aujourd'hui, avait ce respect pour le choix du peuple, tellement qu'il l'a respecté lorsque nos aînés lui ont demandé de partir. On peut être partisan ou pas des idées de l'homme (je parle de De Gaulle, là), qui a eu son quart d'heure d'erreurs c'est certain, mais reconnaissons au moins sa valeur et son honneur.

          Si l'on poursuit notre petite liste rédigée plus haut, nous tombons le thème de l'Europe. Un sacré chantier, qui s'embourbe désormais dans la mondialisation et la gestion des dettes. NDA prône pour bloquer l'élargissement de l'Union Européenne. Son raisonnement a du sens, si l'on concède que l'union ne fait pas que la force, et qu'elle dissipe beaucoup lorsqu'elle est trop large (pour reprendre le même terme). J'ai effectivement l'impression que le cachet de vitamines qu'était l'UE à son lancement s'est dissout dans un immense verre d'eau, jusqu'à devenir insuffisant et même inefficace. J'imagine que le mouvement Debout La France voit les choses de la même manière. Faisons déjà avec ceux qui sont dans cette alliance avant de voir plus loin. A noter que le programme stipule clairement également le rejet de la Turquie au sein de l'UE.

          L'Europe est un beau projet, il faut le rendre bon maintenant. Voyons les choses comme une entreprise : si on démarre notre activité en voyant trop grand trop vite, on se plombe tout seul. Croître au milieu d'autres prédateurs économiques peut être long et difficile, mais les étapes servent aussi à grandir, inutile de les griller sans ménagement donc. La progression de l'Europe doit être assurée en gérant ce qui est en place et en rééquilibrant les forces plus justement. NDA veut négocier pour redonner plus de souveraineté aux pays membres, sur tous les tableaux, à voir si l'UE est capable de l'entendre, ce ne sera pas une partie de plaisir dans tous les cas.

          Vient à présent un thème très controversé : l'école. L'instruction publique/l'éducation est fortement décriée dans notre pays, alors qu'elle est le second budget de l'Etat (le premier étant la dette, merci aux anciens gouvernements pour cet héritage flamboyant d'ailleurs). On ne peut pas le nier : il y a un gros problème dans ce secteur, à l'échelle nationale. Le point clef de NDA : faire confiance aux enseignants expérimentés. En effet, il propose de laisser la définition des programmes aux personnes présentes sur le terrain, et de placer le personnel administratif dans les classes afin de le maintenir connecté avec la réalité. Je ne vois là, personnellement, que du bon sens. Si l'éducation coûte si chère pour si peu de résultat, c'est bien qu'elle est mal utilisée, tentons de remanier tout ça concrètement et valorisons les personnes les plus expérimentées. Je ne dis pas que cela mènera forcément à un résultat positif, je suis simplement d'accord pour tenter le coup et tout faire pour sauver l'institution en charge de former les générations futures. C'est notre devoir d'adulte et c'est par là que passe notre héritage culturel-intellectuel.

          Nous voila au point suivant : les retraites. Pour les financer (puisqu'il veut les augmenter), NDA pioche dans plusieurs poches. D'une part, il veut taxer les 500 000 "frontaliers" qui travaillent en France mais vivent à l'étranger (en leur faisant payer les charges sociales Françaises), et d'une autre il veut récupérer le budget servant à financer l'Union Européenne. La première solution semble réalisable (c'est ce que fait la Suisse avec ses frontaliers par exemple), bien que certainement insuffisante, tandis que la seconde semble beaucoup moins plausible. Alors, oui, on peut garder ces 8 milliards investis pour l'Europe, mais vous croyez que l'UE va nous laisser faire sans broncher? Non, évidemment. Il faudrait plutôt renégocier la contribution de la France, de façon plus diplomatique et fine que cela. Que les choses soient claires : l'Europe n'a jamais servit à enrichir la France directement, elle permet au contraire aux pays moins développés de l'Union de se rapprocher du niveau des nations fortes qui la constitue. Le but était de mettre tout le monde sur le même palier, une utopie qui ronge notre croissance à petit feu. Je veux bien que l'on dise que l'Europe est un échec telle qu'elle, mais cette proposition de NDA est quand même une solution de financement un peu étrange des retraites. Cette ligne du programme est, je pense, un peu trop racoleuse et ne colle pas franchement au reste des propositions (NDA veut aussi supprimer le minimum vieillesse donné aux retraités étrangers vivant sur le sol Français, sans qu'ils n'aient cotisé sur le territoire, voila qui est bien plus pertinent). Il y a un réel malaise autour de la retraite, certes, puisqu'elle n'est pas assurée pour les prochaines générations (essoufflement du système ou conséquences du déséquilibre des richesses?), néanmoins je ne crois pas aux augmentations un poil providentielles de ce genre.

          Tadam! Sortez vos tambours de guerre, voici venu le paragraphe sur la Défense, avec un grand D, oui madame! NDA répond à la guerre... Par la guerre. Un point sur lequel je suis en total désaccord, car je ne pense pas que la France ait besoin de participer aux guerres actuelles. Debout La France, c'est aussi Debout l'Armée, avec 50 000 militaires embauchés sur l'éventuel quinquennat. C'est bien la peine de taxer les travailleurs étrangers si c'est pour tout balancer dans la Défense. Je ne comprends pas l'entêtement de certains politiciens sur ce sujet et je n'accepterai jamais le fait que l'on se mêle des conflits qui ne sont pas les nôtres. En revanche, je suis pour le renforcement de la sécurité du territoire et l'usage de l'armée pour gérer certains cas internes au pays. Un peu comme d'autres secteurs publiques, je crois que l'armée n'est pas utilisée à bon hessien et que nous devons redistribuer les cartes. S'embourber dans des conflits interminables, coûteux pour pas un résultat, n'a jamais aidé n'importe quel pays à aller mieux. Sur le plan économique, la guerre n'est de toutes façons pas rentable. A quoi bon la continuer? Ah oui! La France veut éradiquer les organisations terroristes. Et si nous faisions en sorte, dans un premier temps, de les empêcher totalement d'agir à nouveau sur notre territoire? Il y a assez de travail en France pour les militaires engagés par delà le monde, croyez moi.

          NDA fait de son projet un grand remaniement pour "neutraliser" la concurrence au sein de la Communauté Européenne. Ses plans pour l'économie et le travail vont dans ce sens, un bon point du programme cette fois-ci. En effet, il faut tout faire pour que notre production et notre commerce ne soient plus battus si facilement par les pays de l'Est, que nous renforçons par des contributions et des lois au sein de l'UE. L'Agriculture et l'Industrie Françaises ne peuvent évidemment pas faire face à cette situation problématique. En plus de ça, les asiatiques viennent couronner le tout avec des prix encore plus bas. La France est tout bonnement trop chère pour le reste du monde. En réglant les accords plus justement en Europe, nous aurons déjà gagné une précieuse bouffée d'oxygène. Les 6ème et 7ème Thèmes du programme se rejoignent dans ce même objectif.

          La 8ème grande ligne du programme de Debout La France s'installe, quant à elle, dans la plus grande logique de l'écologie actuelle. Attention toutefois à ne pas surtaxer d'un seul coup les propriétaires de véhicules qui sont considérés comme gros consommateurs d'énergie. A mon avis, ce sont les concepteurs et les concessionnaires qui doivent être taxés, et non pas l'acheteur/consommateur. C'est un peu trop facile de dire, à mon goût : vous avez acheté ça, vous allez être punis. S'il n'y avait pas de véhicules de ce genre en vente, personne n'en achèterai! C'est à la source qu'il faut régler le problème, surtout si l'on désire un changement drastique d'ici 10 ans. Bien sûr, c'est une bataille avec les grandes marques qu'il faudra livrer, mais j'ai espoir que l'appui d'une Europe entière et soudée (pas actuelle, donc) peut faire pencher la balance plus sérieusement. L'écologie même n'a pas de sens si on la défend tout seul dans notre coin, il faudrait comprendre ça un jour. Pour ce qui est de la proposition de NDA, elle est intéressante mais incomplète, il faut aller plus loin et ne pas se contenter de taxer bêtement les consommateurs, qui en ont marre de crouler sous l'impôt et qui ne sont pas responsables de ce qui est mis sur le marché.

          Voici venu le temps, non pas des rires et des chants (malheureusement), mais bien celui de la Sécurité. NDA nous suggère de rétablir de vraies frontières et de casser l'espace Schengen, responsable en partie d'un déséquilibre des flux migratoires. Ouvrir les frontières sur toute l'Europe c'est super, si chacun vit dans le respect de l'autre, mais ce n'est pas le cas. Notre société contient son lot de bandits, il faut ouvrir les yeux. L'idée de base était louable et bienfaisante, mais le monde des Bisounours n'existe pas. Combien de terroristes se baladent librement en Europe? Combien de trafics sont devenus prospèrent et sans risques grâce à Schengen? Nous ne le savons justement pas, et c'est très grave. Réinstallons la sécurité entre les pays, pour que les honnêtes gens continuent de voyager (s'ils n'ont rien à se reprocher, rien ne peut leur arriver) et que les criminels soient arrêtés. A nouveau, cette proposition me paraît pleine de bon sens.

          Après ces dix paragraphes chargés d'informations, nous arrivons enfin au dernier point clef du mouvement Debout La France : la Santé. Pour NDA, il faut préserver notre système actuel que de nombreuses nations nous envient. Sa méthode : investir pour moderniser, valoriser la médecine et, plus largement, améliorer la vie des citoyens. Les mesures évoquées sont claires : élargir le numerus clausus des médecins (taux d'admis en médecine après la première année d'études), trier de façon strict les médecins étrangers qui viennent s'implanter (selon le niveau de compétence), mieux payer les médecins s'installant dans les zones non couvertes, mettre l'accent sur la prévention, etc... Bref, un dopage franc prévu pour la Santé. Très bonne idée, mais avec quel argent comptez-vous faire tout ça Mr Dupont-Aignan? Pas celui du budget de la Défense en tout cas, vu que vous voulez aussi l'agrandir. Ce ne sera pas celui de l'éducation non plus, ni celui de l'écologie ou encore des retraites... Je vous accorde au moins votre bonne volonté et votre patriotisme avéré, mais ne voyez pas la France trop forte non plus. A l'instar de Jean-Luc Mélenchon, j'ai l'impression que vous vous laissez aller à croire que tout est possible, tout est réalisable (c'est le jeu de la vie! Comprendrons les fans de Chevallier et Laspalès). Gardons les pieds sur Terre.

          Pour conclure, je dirais simplement que NDA propose un vent d'espoir qui risque d'être littéralement étouffé par quelques réalités. Cet homme a le mérite de vouloir montrer l'exemple et d'aimer sa nation profondément, cependant cela ne suffit pas à mener rondement un quinquennat. Je crois, néanmoins, en son envergure et sa capacité à tenir fermement une ligne directrice. Le seul hic est que son programme me paraît aujourd'hui incomplet (Mr Hamon n'est donc pas le seul dans ce cas, c'est "rassurant"). Le financement de bon nombre de ses propositions n'est pas assez clair et mériterait une bonne mise à jour avant l'échéance finale. Aller, soyons fou : accordons une chance au mouvement Debout La France, je prêterai donc consciencieusement l'oreille aux prochains débats, et je vous invite à en faire de même.

          Sur ce, je vous rends votre liberté (après ce pavé de lecture), chers lecteurs.

Le Penseur Disparu