18/05/2017

Chronique Economique : Toi, la dette

Chronique Economique
Toi, la dette

          Depuis 40 ans, notre pays a vu sa dette croître année après année. Chaque gouvernement a sa part de responsabilité envers la situation actuelle (rappel : la dette publique a explosé la barre des 2000 milliards d'Euros, à quand les 3000?). Je ne vais pas m'amuser à regarder quel Président a été le plus dépensier, d'autres le font très bien. Ce qui m'intéresse aujourd'hui, et ce qui devrait susciter l'attention du plus grand nombre d'entre vous d'ailleurs, ce sont plutôt les moyens qui existent pour stopper cet ogre financier. Le continent Européen présente plusieurs cas de bons élèves sur le sujet (je parle ici également de la façon de gérer la dette, pas seulement des coupes budgétaires ou des choix d'investissements), tandis que d'autres nations, par-delà les terres et les mers, sont également remarquables.

          Dans le cadre de cette petite étude sans prétention, il est bon de souligner que les dettes sont souvent mises en parallèle avec les Produits Intérieurs Bruts des pays. En fait, le PIB (qui représente la production d'un agent économique dans sa valeur globale, non dissociée donc des marges et des coûts) est utilisé aujourd'hui tel une sorte de curseur qui permet de savoir, plus ou moins, si un pays sera capable, un jour, de rembourser (hypothétiquement) les prêts qu'il contracte. De plus, la dette publique doit servir à entretenir la machine économique (principe économique de base), donc si elle surpasse le PIB, on peut estimer, selon les cas, qu'elle est inefficace. Nous pourrions aussi comparer la croissance économique d'un gouvernement avec son endettement, cela pourrait remettre en cause bien des idées et d'anciennes certitudes chez nos amis économistes et spécialistes, je me contenterai dans cet article de parler du PIB de temps en temps. Par contre, ce qui est évident actuellement, c'est que la dette publique Française (qui n'a fait qu'augmenter fortement ces dernières années) ne dope plus la croissance de l'Etat (qui, elle, stagne). Alors que faire finalement? Devons-nous continuer de suivre cette politique économique dépensière? L'Allemagne (oui, on pourrait dire l'Europe, cependant ce serait un peu injuste envers la grande majorité de la dite union) a dit non.

          La méthode Keynes est morte avec la mondialisation et la montée de l'ultra-libéralisme, mariée pour le meilleur et pour le pire au capitalisme vraisemblablement. Il ne reste plus qu'à se tourner vers celles et ceux qui ont réussi à rembourser suffisamment leurs dettes et à gérer leurs budgets correctement. Les pays listés ci-dessous ne sont toutefois pas tous dans ce cas précis, à vrai dire j'ai sélectionné ceux-ci parfois simplement dans l'objectif de démontrer une idée, développée à la suite bien entendu.


1. L'Allemagne, moteur ou frein en Europe?

          Parce qu'il s'agit de la première puissance du Vieux Continent, l'Allemagne montre l'exemple à toute l'Union Européenne. En 2016, le pays réduisait encore sa dette de 24 milliards d'Euros, ramenant son endettement à 71% de son PIB. Vous vous en doutez, les comparaisons avec la France sont alarmantes. En premier lieu, il faut souligner que le premier seuil d'imposition est plus bas Outre-Rhin. Dès 7 600 €, votre revenu est dores et déjà imposable (contre 15 000 € environ en France). Il n'est d'ailleurs pas rare de lire dans divers articles spécialisés que la France peut être considérée comme une niche fiscale pour les pauvres. Non seulement l'Etat Allemand fait plus de recettes sur ce point, mais en plus il dépense beaucoup moins dans les régimes sociaux. Les allocations familiales, par exemple, sont distribuées sous forme d'exonérations d'impôts du côté de Berlin.

          Au niveau de l'assurance chômage les Allemands ont des plafonds de durées et de montants, le maximum envisageable étant réservé aux plus de 58 ans (sur 24 mois, indemnités à hauteur de 60% du salaire net moyen perçu pendant les 48 mois précédant l'inscription au chômage). Là encore, la France est bien à la traîne avec sa maigre exigence de 122 jours de travail minimum au cours des 28 derniers mois, donnant sur une indemnité chômage à montant varié de... 4 mois! Au maximum, un Français peut bénéficier du chômage (non dégressif, qui plus est, comme en Allemagne pour le coup) durant 24 mois (36 mois pour les plus de 50 ans) à durée équivalente de temps d'embauche préalable. Sans oublier le plafonnement de l'indemnité qui peut s'élever jusqu'à 6 200 € (plus élevé d'Europe, l'Irlande n'ayant pas de plafond fixe).

          Toutes ces comparaisons n'auraient aucun sens si je ne mettais pas en lumière les divergences davantage fondamentales entre les deux plus grandes puissances économiques Européennes (le Royaume-Uni étant passé à nouveau derrière la France récemment). Le secteur industriel est assurément l'élément clef de cette mise en parallèle. L'Allemagne met le paquet sur l'innovation et creuse son trou confortablement dans le haut de gamme. Couplée à une éducation performante optimisée (avec moins de moyens budgétaires que la France, les jeunes Allemands, entre 20 et 24 ans, formés puis employés, sont deux fois plus nombreux qu'en hexagone), l'industrie du pays ne peut que bien se porter et regarder vers l'avenir. Malheureusement, du côté de la Tour Eiffel, le constat est beaucoup moins positif.

          L'industrie Française a chuté de 46% en une quarantaine d'années, ce qui représente la fermeture de quasiment la moitié de nos usines. Le manque de compétitivité (à comprendre le coût du travail et la fiscalité, concrètement) est constamment pointé du doigt (puisque lié aux délocalisations de masse), alors qu'il y a d'autres points à citer également. Tout d'abord (avant de lapider généreusement la rémunération à l'heure, par exemple...), le niveau de notre industrie doit être revu à la hausse. Notez que la part survivante actuelle de l'industrie Française est surtout orientée vers le haut de gamme. Tout le reste a été fortement entamé par la concurrence Chinoise, ainsi que par les pays de l'Est, pour ne citer qu'eux. L'évidence est donc sous nos yeux, néanmoins l'éducation nationale ne parvient pas à former de la main d'oeuvre suffisamment qualifiée, dans l'optique d'une relance conséquente du moins. Une étude récente (publiée et commentée par Le Parisien, notamment) désigne même les Français comme les élèves figurants parmi les moins disciplinés du monde... La France peut baisser les salaires, augmenter le temps de travail, défiscaliser les entreprises, etc... Si l'école n'évolue pas, cela n'aura servit à rien, mis à part à appauvrir directement chaque citoyen et permettre à des requins (pas que bien entendu, il y a des renards et même des vipères dans le lot...) de s'enrichir sur le dos davantage courbé des employés.

          En somme, l'Allemagne n'est certes pas parfaite, néanmoins force est de constater qu'elle a su faire les réformes nécessaires, dont des coupes budgétaires franches, dans le but de s'adapter à la mondialisation. En s'emparant du marché Européen et en dégraissant la dette publique, avant d'atteindre le point de non retour, la nation Allemande s'est convenablement armée économiquement. Cela toutefois au détriment des pays voisins qui ne s'adaptent pas, ces derniers récupèrent même du chômage en contrepartie. Soit on suit ce modèle, soit on disparaît, il n'y a visiblement pas d'entre deux viable au sein de l'Union Européenne.


2. Le Japon, l'archipel surendetté

          378 000 km² pour 127 millions d'habitants, le pays du soleil levant est la troisième puissance économique mondiale, derrière les Etats-Unis et la Chine. Comment un pays plus petit que la France, mais beaucoup plus peuplé, peut-il se trouver deux places devant au classement? A savoir, cet archipel se sert de deux paramètres phares essentiels pour influer sur son économie. Le premier pilier est : la monnaie. Le Yen Japonais est une monnaie à faible valeur, comparativement à l'Euro ou au Dollar. Ainsi, les exportations sont largement favorisées à destination des pays utilisant des monnaies plus fortes. Second pilier : la consommation des ménages. Le système capitaliste dans lequel nous vivons dépend en grande partie de la consommation. Celle-ci permet de déterminer notamment la valeur d'un marché selon tel ou tel produit consommé, incluant des prévisions futures plus ou moins fiables. Sauf que le Japon voit aujourd'hui ces deux paramètres grandement chamboulés. En effet, le pays traverse une période de déflation dangereuse (baisse des prix, des salaires, des valeurs), ajoutée aux catastrophes naturelles (et d'autres, qui le sont un peu moins), amenant sa croissance à un état stagnant, qui n'est pas sans rappeler celui de la France. Les Japonais déchantent en ce moment, d'accord, mais enfin leur nation reste une des plus importantes du monde malgré tout.

          Alors, pourquoi en parler ici? Eh bien parce que le Japon, figurez vous, est endetté à plus de 240% de son PIB! Un sacré chiffre qui ferait bondir de leurs confortables fauteuils les représentants de la Banque Centrale Européenne. Le pays du soleil levant possède effectivement la dette publique la plus lourde de tous les pays développés. La politique de l'ancien Empire était d'investir massivement dans le but de booster sa croissance. A présent, cette nation moderne compte davantage sur les investisseurs, soucieuse de ne pas abuser davantage d'une dette massive. Le Japon compte donc sur le retour triomphant d'une croissance forte dans les prochaines années. Même avec l'utilisation de tous les moyens à disposition, rien ne peut assurer cette future progression. Je conclurai donc ici pour ce pays, qui, alors qu'il est sensé être plus fort économiquement que le nôtre, doute quand même en permanence sur ses méthodes et son avenir. Le large avantage que les Japonais ont néanmoins, c'est un taux de chômage très bas et une Banque Centrale qui reste souple selon les besoins. Ce qui prouve bien que l'endettement d'un pays à l'instant T n'est pas toujours un facteur révélateur de sa santé économique, plein d'autres paramètres rentrent en compte, c'est bien toute la complexité de la chose.


3. Les Etats-Unis, porte-étendards du libéralisme

          Voici un Etat fédéral fondé sur un des plus grands génocides de l'Histoire, j'ai le plaisir de vous présenter la première puissance mondiale! Chaque citoyen est en droit de se demander si la politique Américaine, injustement nommée ainsi, n'est pas, finalement, la recette curative face aux maux de notre société moderne. J'imagine que si l'on met en avant le fait qu'il n'existe que peu de lois pour encadrer le travail sur le territoire et que le système social publique est relativement dérisoire (l'Obamacare est en voie de dislocation sous Trump, qui plus est), la plupart d'entre vous scanderont l'injustice et l'inhumanité les plus sévères. Sans doute aurez-vous raison, sauf que les chiffres sont là : les Etats-Unis sont la première puissance économique du monde, qu'on le veuille ou non. Bien entendu, ce n'est pas seulement grâce à l'ultra-libéralisme capitaliste du pays. Voyons donc dans quels secteurs la France peut se montrer envieuse.

          L'agriculture des Etats-Unis est connue pour être exportée partout dans le monde. Notamment reine des céréales, on retrouve les productions de la nation fédérale dans tous les marchés internationaux. L'industrialisation des moyens de culture apportant de grands rendements, l'emploi ne s'en porte pas spécialement mieux, mais les richesses créées ne s'en plaignent pas. Les secteurs des technologies et de l'industrie sont, quant à eux, encore plus puissants aux USA. Grâce au système multi-Etats du pays (qui a des défauts aussi, attention), les entreprises ont trouvé un "bon" compromis entre délocalisation partielle et embauche locale de main d'oeuvre pauvre (issue de l'immigration, pour la plupart, sans compter les clandestins embauchés pour trois sous). Quant aux travailleurs qualifiés : les meilleurs viennent au meilleur prix, quitte à sacrifier une bonne part de leur vie privée (l'argent, il y a que ça de vrai).

          Ce qui est "drôle" avec les Etats-Unis, c'est qu'il y a toujours une facette peu morale, quelque soit le domaine abordé. La solution proposée est donc de permettre beaucoup en restreignant moins, afin d'améliorer la compétitivité et de maintenir un entretien de l'innovation stable dans les secteurs de pointe. Il y a un sacrifice à ce système, qui repose un peu trop sur l'écrasement de l'autre. Ma foi, on dira ce qu'on veut, c'est une recette qui fonctionne encore et toujours économiquement, avec un taux de chômage honorable à environ 5% (la croissance, quant à elle, demeure plutôt stable, autour des 2%, jugée insuffisante par certains, ce seul chiffre constituera un rêve lointain pour d'autres). Par contre, en terme de dette, ce n'est pas le top, puisque nous parlons d'un Etat endetté de 20 000 milliards de Dollars. Ici aussi, nous sommes clairement face à une méthode d'investissements de masse. Tant que les banques prêteront, il y aura des dettes contractées. La garantie Américaine est immense, certes, puisque la croissance n'a de cesse d'exister en ces terres (et c'est un marché titanesque), n'oublions quand même pas que la dette publique atteint 105% du PIB. Un jour, il faudra peut-être payer un peu. Pour le moment ce n'est pas le cas, tant mieux?


4. L'Argentine, la farouche

          En 2001, Buenos Aires annonçait la faillite du pays. Dès lors, celui-ci s'engageait à rembourser 93% de ses créanciers privés, contre une décote forte de 70% de leurs titres (soit un faux choix de compromis plutôt non négociable). Evidemment, les 7% restants (constitués par des fonds vautours spéculatifs) ne se montrèrent pas très collaboratifs face à cette idée. L'Etat Argentin a dû se battre devant les tribunaux et maintenir son cap contre vents et marées (soit refuser de payer ou, de temps en temps, établir des défauts de paiement, tout bonnement) pour arriver à la situation actuelle. L'Argentine peut, à présent, retrouver les marchés financiers (dont elle était bannie depuis) et contracter de nouvelles dettes dans le cadre du financement de son budget. En 2016, le nouveau Président a levé certaines mesures protectionnistes et a dévalué le Peso, afin de permettre à l'Etat latin de se relancer positivement.

          Le recul dont nous disposons sur cette affaire permet d'analyser une chose : par la négociation en tant que nation, il est possible de ne pas payer la globalité d'une dette. Cette manœuvre peut engluer le pays au niveau international, bloquer des marchés intéressants certes, mais elle existe et a déjà été appliquée. Chose difficilement envisageable dans le cadre de l'Union Européenne malheureusement, où les créanciers sont surtout institutionnels et se montrent généralement moins souples (la Grèce peut vous en parler, en mal je le crains). La comparaison entre la France et l'Argentine n'est pas évidente, puisque le pays des Droits de l'Homme (et de la baguette de pain, à vous de voir ce que vous préférez, après tout) n'est pas en situation de défaut de paiement. Cependant, c'est une voie qui nous guette, chers citoyens tricolores, si notre gouvernement poursuit la dynamique dépensière qu'il entretient depuis plusieurs quinquennats maintenant. Les négociations avec les créanciers privés pourraient avoir lieu, c'est une chose à peu près certaine, néanmoins je ne suis pas prêt à en dire autant de la Banque Centrale Européenne. D'où la nécessité de respecter les engagements budgétaires, voir de faire mieux (c'est à dire un budget positif, pour une fois, ça changerait).


Le mot de la fin
Dis-moi combien tu as, je te dirai combien je peux te prêter!

          Je termine cet article en vous rappelant que si vous, personnellement, vous contractez une dette, vous aurez toujours des comptes à rendre à un moment ou à un autre. Même si l'économie, au sens large, peut faire croire à autre chose sous certains angles (dans la dimension des nations), les conditions Françaises ne sont certainement pas adéquates. Rembourser c'est à la fois assurer l'avenir des futures générations, tout en permettant d'instaurer la confiance avec le reste du monde, tissu fondamental d'une économie stable et durable. Les pays d'Europe du Nord (oui, plus au Nord que nous) sont des exemples dans ce schéma là. Qu'il s'agisse d'industrie, d'agriculture, de services, d'éducation, etc... Il y a de bonnes choses à prendre partout. Il suffit de s'intéresser un peu à ce qui existe, sans se fermer automatiquement dès qu'une idée nous parait étrange. Enfin, je dirais que le quinquennat à venir d'Emmanuel Macron sera le virage clair pour la France. Au bout de celui-ci soit nous sombrons, soit nous hissons la tête hors de l'eau. Croisons donc les doigts pour que le pire ne nous arrive pas.

Le Penseur Disparu

04/05/2017

Chronique 5 ans ferme : Les - des candidats

5 ans ferme
Les - des candidats

          La seconde partie de la chronique "5 ans ferme" est arrivée. Si vous découvrez le concept de cet article politique, je vous suggère de lire l'introduction sur le sujet : Présentation du Concept "5 ans Ferme". Et au cas où vous auriez loupé la première partie, sur les points positifs des candidats, voici le lien qui vous permettra de prendre le train en route : Les + des candidats. Lançons nous donc à présent dans les zones sombres (bonnes à jeter, pour être clair) des programmes d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen. Attention, ça tâche/fâche, autant (voir plus) qu'une tartelette aux myrtilles qui tombe sur nos genoux du côté des fruits... Quoi? Ça ne vous énerve pas, vous, ce genre de coup du sort?

Note : pour cet exercice, j'ai finalement décidé de tirer trois points négatifs pour chaque candidat. La raison de cette orientation est simple : je souhaite privilégier les bons côtés de chacun (et mieux développer chaque thème, par la même). Cette démarche va dans le sens de l'ouverture d'esprit et de la synthèse des idées que je défend. Comme certains le savent, le débat télévisé qui a précédé ces écrits a contribué à diviser et à placer, plus que jamais, les divergences en lumière (sans oublier de souligner le combat de coqs et de personnalités qui s'en est soldé, dommage pour la pensée et le fond). Je ne désire pas alimenter ce genre de chose, ou alors avec parcimonie, puisque les oppositions appartiennent aussi à la réalité.


Emmanuel Macron - En Marche

1. Absence de précisions sur les coupes budgétaires publiques :

Le mouvement En Marche propose d'effectuer 60 milliards d'économies sur les dépenses de l'Etat (ce que Mr Macron a rappelé hier soir, lors du débat-duel télévisé d'ailleurs), c'est en fait une bonne partie du delta qui existe actuellement dans le budget national. Ceci, dans le but premier de parvenir à un déficit de maximum 3% (comme promis à l'Union Européenne), soit de déclencher un système qui remboursera petit à petit une dette colossale qui pèse sur chaque Français. Arrivés là, vous me direz : "mais alors, quel est le problème?" Le problème c'est qu'En Marche n'avoue jamais où seront faites les coupes budgétaires.

Là où, tout crasseux qu'il est, François Fillon avait au moins la franchise de pointer précisément les éléments voués à disparaître, partiellement ou complètement. Ici, le programme d'Emmanuel Macron ne délivre rien sur le sujet, et on devine derrière cela une volonté de conserver les faveurs d'une partie de l'électorat. Cette manœuvre, plus ou moins marketing (quand on sait la lire), terni le tableau d'ensemble, qui sait pourtant être clair et relativement complet lorsqu'il s'agit de supprimer des taxes ou des cotisations. On peut donc considérer cette non-divulgation comme une entrave à la cohérence et à la compréhension du projet d'En Marche. Un défaut de conception dans la machine Macron, mais qui n'est certainement pas là par hasard.


2. Hausse de la Contribution Sociale Généralisée :

La CSG est un impôt dont tout le monde parle, néanmoins que peu de gens comprennent. Comme je l'ai déjà fait (durant le premier tour) par le biais de l'article traitant uniquement du programme d'Emmanuel Macron (si ça vous intéresse, d'ailleurs, c'est par là : Zoom sur Emmanuel Macron), je vais recadrer précisément la CSG pour que tout le monde sache de quoi nous parlons : aujourd'hui, la CSG concerne les revenus d'activité (salaires, primes, indemnités, etc...), les revenus de remplacement (chômage, retraite, etc...), les revenus du patrimoine (rentes, revenus fonciers, etc...), les revenus de placement (revenus mobiliers, plus-values immobilières, etc...) et les sommes distribuées par les jeux. Elle s'ajoute également à la CRDS (Contribution au Remboursement de la Dette Sociale), qui est un autre impôt créé sous un schéma très proche, au taux de prélèvement moins important toutefois.

Bref, si on regarde concrètement ce qu'Emmanuel Macron veut faire de la CSG, c'est tout simplement l'augmenter en suivant un coefficient d'1,75. Des chiffres autour des 11 milliards d'Euros de recettes sont estimés concernant cet impôt (par divers médias reconnus notamment, ce n'est pas une estimation du petit moi-tout-seul...). Le calcul est donc tout trouvé : 11 milliards x 1,75 = plus de 19 milliards d'Euros. En Marche vers la généralisation de la CSG, En Marche pour transvaser les cotisations salariales sur un impôt annuel croissant et lourd. Avec un projet comme celui-ci, les Français devront prévoir des économies pour payer les impôts (vous me direz que c'est déjà parfois le cas, je rétorquerai que ce sera encore pire), là où les prélèvements se faisaient autrefois progressivement directement sur les salaires. D'autant plus que cet ajustement est bien loin de permettre l'auto-financement des dépenses liées aux couvertures sociales (qui représentent plus de 50% des dépenses de l'Etat, quand même). Avec ce genre de mesure, on ne comble que partiellement le vide apporté par d'autres réformes (telles que celles citées précédemment dans ce développement, en voici un court rappel : abaissement des cotisations salariales, entame forte des recettes de la taxe d'habitation, etc...). A part emprunter encore et encore dans l'objectif de financer le social en France, il ne reste pas beaucoup d'autres solutions... C'est ce qu'ont appliqué les derniers gouvernements Français, autant dire que ce n'est pas une franche réussite.

Afin de finaliser l'analyse de ce point, j'ajouterai que la mesure proposée par Emmanuel Macron fait office de petit endiguement là où on devrait bâtir un colossal barrage. Dans le fond, l'ancien Ministre de l'Economie ne fait que déplacer les impôts sur d'autres agents économiques et continue (finalement) de les augmenter sur les salariés. Oui, il faut soulager les entreprises des masses salariales si l'on veut améliorer la compétitivité. Non, il ne faut pas que cela retombe autant sur le travailleur, qui se démène déjà pour essayer de bâtir un semblant de vie et d'avenir. C'est un compromis qui favorise davantage les uns et pénalise injustement les autres, soit un déséquilibre à venir qui n'a pas d'assurance de réussite (contre des risques d'altération sociaux-économiques, eux, bien présents).


3. Ultra-libéralisation du travail :

La vocation libérale d'Emmanuel Macron n'est pas neuve et le place dans le courant économique moderne en grande vogue. Ses objectifs de réformes du travail en sont la preuve la plus flagrante. Sur ce thème, l'ancien Ministre écrit, noir sur blanc, dans son programme, que l’allègement des cotisations salariales permettra aux entreprises d'augmenter les employés (par le biais d'un salaire net plus fort). A cela je dis : il faut savoir! Soit on allège les masses salariales (en enlevant des cotisations) afin de permettre l'embauche et/ou le développement de l'entreprise (encore faut-il que les investissements ne partent pas à l'étranger, mais ça, c'est une autre histoire. Sans parler de l'inertie potentielle des entreprises et du profit supplémentaire que peuvent en tirer certains patrons, comme cela fût le cas lorsque l'Etat, sous Sarkozy si je ne m'abuse, avait réduit la TVA dans certains secteurs. Les entreprises jouent rarement le jeu...), soit on le fait dans le but de voir les salaires nets augmenter en compensation (ce qui, du coup, ne change plus rien pour les entreprises et n'abaisse absolument pas le coût du travail), on ne peut, par conséquent, logiquement pas prétendre à faire les deux.

A ce niveau de l'argumentation, vous vous dites peut-être que je diabolise un peu le patronat, que je milite trop pour les salariés. Attendez un peu de lire la suite, car elle confirme profondément mon analyse : En Marche souhaite supprimer les 35 heures qui encadrent le travail en France ET permettre à chaque entreprises de négocier la réglementation du temps de travail (et donc le ratio du salaire horaire) avec les représentants des salariés, intra-muros si vous voulez. En faisant cela, on s'expose inévitablement à des rapports de force déséquilibrés. Les syndicats seront sensés défendre les salariés (lorsqu'ils sont présents, bien entendu, dans tous les autres cas, pour les petites entreprises par exemple, les salariés devront se débrouiller face aux employeurs), alors qu'en réalité ils défendront les emplois. Vous l'aurez remarqué, les groupes syndicaux ont perdu en influence ainsi qu'en crédibilité ces dernières années (la faute à des positions butées et des négociations importantes abordées sans compromission, entre autre), je doute franchement que cela ne s'améliore face à la mondialisation et des puissances économiques à la tête de véritables empires.

Pour conclure, la finalité de ces modifications pourrait donner sur un système à l'Américaine, où toute personne peut signer n'importe quoi, à n'importe quel prix (même si le cadre des Conventions Collectives formerait une sorte de premier rempart, tout de même, à l'esclavagisme moderne). La denrée du travail se faisant de plus en plus rare et précaire, on ne peut concevoir un tel effondrement des minces protections existantes. Le problème n'étant évidemment pas que celui de la France, les solutions paraissent difficiles à entrevoir sans ce genre de sacrifice. Je n'ose néanmoins pas croire qu'il faille abandonner notre niveau de vie pour le rapprocher de nos voisins moins riches, ce n'est pas ma vision du progrès ni de l'avenir. Il y a d'autres alternatives, bien moins pesantes sur les épaules des petits. Créer de l'instabilité dans le monde du travail va engranger une vague de boulots de misère, que les Français seront de toutes façons obligés d'accepter sous peine de devenir chômeurs. Rappelons nous le dangereux principe "d'armée de réserve" de Marx (fasciné par le capitalisme d'ailleurs, malgré sa haine parallèle envers ce système et son militantisme profond pour le communisme), qui permet de menacer impunément un travailleur d'être remplacé par un autre (aux exigences moins importantes), juste parce qu'il y a moins de postes à pourvoir que de personnes sur le marché du travail. Ce point du programme d'Emmanuel Macron est, pour moi, le pire, pour toutes ces raisons évoquées. Alors qu'il existe la possibilité toute faite de créer des mises à jour, ou des aménagements du travail par branches (en concertant les salariés et les employeurs, dont les négociations devraient être placées sous l'objectif du gagnant-gagnant, tout en restant ouvert aux compromis et aux contre-parties), simplement par le biais des Conventions Collectives.


Marine Le Pen - Front National

1. Sortie de l'Union Européenne et de l'Euro :

Marine Le Pen a le chic pour choisir des propositions qui divisent sensiblement les avis, en voila une. Concernant l'Europe, autant dire que tout va de travers depuis quelques temps, qu'il y a effectivement un chantier de rénovation à prévoir. Seulement voila, personne ne peut prétendre avoir un quelconque recul sur l'option d'une sortie de l'Union Européenne, cumulée à une autre sortie majeure d'ailleurs : celle de la monnaie commune qu'est l'Euro. Autant dire que les deux positions sont défendables : rester dans l'Europe permet d'assurer une forme de stabilité et de continuité ; ou s'en défaire, afin de retrouver pleine possession de nos moyens (qui sont limités aujourd'hui, c'est un fait) pour lutter contre divers problèmes de notre société (dont la délocalisation massive et la concurrence internationale). Bref, quoi qu'il en soit, la vérité est qu'une sortie de l'UE et de sa monnaie mène à un événement inédit, dont personne ne peut réellement prévoir TOUTES les conséquences, et je dis bien absolument toutes. C'est un pari qui peut rapporter gros au pays, c'est vrai. Puisque simplement en passant de l'Euro au Franc, la dévaluation "naturelle" nous redonnerai déjà de la compétitivité au niveau mondial. Mais le côté obscur peut aussi prendre le dessus : l'Europe essayera, sans doute (pour l'exemple ou simplement par représailles), de nous coincer dans un marché dominé par l'Allemagne, les Etats-Unis (du côté du haut de gamme industriel en tout cas), par les pays de l'Est, les économies émergentes et la Chine (au niveau du bas de gamme, essentiellement). La guerre ne sera pas, contrairement à ce que certains sous-entendent bêtement avec un brin de mauvaise foi, armée ni physique, mais bien économique, industrielle, agricole et commerciale. En fait, ce conflit a déjà commencé depuis longtemps, seulement je ne suis pas sûr que changer d'alliés brutalement ne soit très judicieux de notre part.

Contrairement à la plupart des personnes (et des médias) qui s'expriment sur ce thème, je ne suis pas revendeur de la peur. Mon analyse m'amène à soulever les données inconnues et les incertitudes sur le résultat escompté, rien d'autre. Les histoires d'intérêts qui flambent, d'épargnes qui meurent, servent à effrayer les penseurs. Changer de monnaie pour la dévaluer ne nous rend pas moins pauvre dans l'enceinte de notre pays, puisque les valeurs appliquées sont équivalentes à l'instant de la passation. Si, sur mon compte, je dispose de 1000 €, à l'heure du changement de monnaie je posséderai environ 6660 Francs, ni plus ni moins. Cela marche avec tout ce que l'on achète ou vend aujourd'hui en Euro, à ceci prêt que les importations seront globalement plus coûteuses pour le pays. De l'autre côté, les exportations Françaises deviendront moins onéreuses dans les budgets étrangers, qui sont nos acheteurs et investisseurs de demain. On peut critiquer dans tous les sens cette mesure, car elle gifle littéralement les politiques conduites jusqu'ici, cependant elle reste défendable économiquement. Encore une fois, ce ne sont pas forcément les risques connus qui font de cette proposition du Front National un point faible marqué de son programme, mais bien une part des inconnus et imprévisibles, justement.


2. La laïcité et l'immigration :

Le communautarisme (dont certainement le plus influent, et contesté, dernièrement : le religieux) crée des clivages dans notre pays. C'est un des prétextes de Mme Le Pen pour mettre en place une laïcité républicaine inflexible. Celui qui veut pratiquer une religion devra le faire dans le cadre de sa sphère privée, pas ailleurs. La laïcité de l'Etat incombe l'acceptation de toutes formes de croyances non sectaires, néanmoins il est vrai que le brassage des populations amène à se poser certaines questions sur les limites de cette tolérance. D'ailleurs, qu'est-ce qu'une religion sans caractère sectaire? Très franchement, je trouve le concept actuel assez ridicule, puisque l'essence même de la religion est de croire en l'immatériel (ou de boire, sans poser de question, les paroles d'un type décédé il y a belle lurette). C'est donc un jeu plutôt malsain du "crois ça et marchons ensemble" (je ne suis pas encore sûrs du nom pour le jeu de plateau, n'hésitez pas à donner votre avis...). Par ces mots, vous comprendrez que je n'appartiens à aucun culte que ce soit, bien que je fus baptisé, alors que je ne pensais qu'au contenu de mon biberon à l'époque... Je me revendique plutôt en athée du XXIème siècle, qui compte sur les valeurs humaines, également celles de la famille, ainsi que sur lui-même, avant de chercher un espoir à mon sens plus qu'étrange dans des croyances et des idoles qui se prélassent dans un monde ancien, obsolète. Bien sûr, je reste tolérant envers toutes les religions, à condition qu'elles demeurent respectueuses en contrepartie. Je précise ma position, non pas pour me faire mousser, mais en vue d'être clair sur mon opinion, qui n'est absolument pas entravé par quelques intérêts que ce soit. A vrai dire, si on y réfléchit et qu'on va très loin dans le raisonnement, je suis même un produit pensant issu de la laïcité.

Le sujet de la laïcité est très controversé au niveau de son application dans notre société. Le Pen veut punir les plus visibles, les plus bruyants. Néanmoins, le point noir n'est pas là : il est dans la stigmatisation religieuse. Dans son programme, la candidate aux élections matraque surtout les communautés musulmanes, puisqu'elles sont susceptibles d'abriter des fondamentalistes islamistes (des extrémistes dangereux, en somme, qui ne parlent absolument pas le latin, si je ne m'abuse). Elle défend le fait que l'on ne peut pas faire d'omelette sans casser des œufs, soit, par exemple, fermer certaines mosquées jugées extrémistes sans empêcher certains pratiquants (qui veulent juste un lieu de culte, pour la plupart, loin des cinglés qui recrutent pour les terroristes) de s'y rendre. La solution ne serait-elle pas, plutôt que de fermer ces endroits, de les contrôler rigoureusement, en faisant en sorte que les musulmans modérés et ouverts les dirigent? Nous sommes arrivés, en France, à remplacer la chrétienté dure et autoritaire (qui était en charge au sein de plusieurs domaines publiques clefs, tels que la santé et l'éducation), très puissante autrefois, par autre chose (le système que nous connaissons). Je pense qu'il est tout à fait possible d'en faire de même pour l'Islam, sans oublier que c'est applicable à toutes les religions qui sont pratiquées sur notre territoire. Assainir les lieux de culte (et faire justement appliquer la loi du respect de la liberté de chacun) est susceptible d'amener bien plus de bénéfices à notre société que ce que proposent les militants du FN, un poil obsédés par l'ancienne domination chrétienne, il faut l'avouer.

Vient le troisième paragraphe de ce thème, c'est donc le moment d'aborder les projets du FN sur l'immigration. Cette dernière est en fait liée à la laïcité défendue dans le programme de Marine Le Pen, puisque sous les mêmes prétextes (de la lutte anti-terroriste, en grande majorité) la candidate frontiste désire fermer partiellement les portes du pays (qu'il faudra rétablir, ce qui a un coût notable) dans le but de trier et de mieux contrôler les flux migratoires. Ce qui fâche ici, c'est plutôt la manière de le dire. En réalité, tous les grandes nations développées hors Europe fonctionnent de la sorte. Ce n'est que du bon sens, puisque la France ne peut évidemment pas accueillir tout le monde. Au même titre que les Etats-Unis, si on prend un exemple concret, où il y a pourtant plus de surface à combler. Le système de visas et d'expulsion y est tout à fait assimilé, même s'il entraîne, forcément, des fraudes de la part des plus déterminés (qui sont probablement également plutôt miséreux). Le hic, c'est donc que Marine Le Pen n'admette pas que ses mesures ne sont que préventives, en aucun cas elles ne deviendront curatives. Encore pire, elle croit qu'il s'agit là de la seule solution au problème, puisque c'est ce que dicte son programme.

D'autres mettront en évidence qu'il faudrait peut-être déjà s'occuper des pays instables d'où proviennent les migrants, avant de leur claquer la porte au nez. Si nous sommes une grande nation, alliée à d'autres, nous pouvons avoir un certain poids dans ce genre de manœuvre. Le FN ajoute d'autres mesures, plus pertinentes cette fois-ci, à son projet sur ce même thème (si on l'élargit un peu, tout de même), comme la déchéance de nationalité (punissant l'intelligence ou la coalition avec l'ennemi, valable pour les bi-nationaux ET les Français), la suppression du droit du sol (qui entraîne, évidemment, l'encouragement des abus et des situations de migrations d'intérêts), la réforme des critères d'acquisition de la nationalité (dont la maîtrise de la langue, la non-tolérance envers les délinquants ou criminels étrangers, et d'autres), etc... Autre chose, sans faire d'amalgame, cependant il faut le dire quand même : si la France (enfin, l'Europe) avait mieux négocié avec les pays limitrophes à ceux en guerre, au niveau de la répartition des populations réfugiées opprimées du Moyen-Orient, toutes ces mesures n'auraient pas lieu d'être. C'est là qu'est la clef du cas des réfugiés, et n'hésitons pas à pointer du doigt le Président Turc qui demande à ce que nous, l'Europe, le payons régulièrement pour accueillir les réfugiés. Avec ce genre de personne, nous n'avons pas à négocier quoi que ce soit.

Le mauvais point de Marine Le Pen est encore plus perceptible lorsqu'on lit qu'elle souhaite automatiquement rejeter les demandes de nationalité Française des personnes qui ne sont pas, initialement, Européennes. Qu'est-ce que ça veut dire? Quel est le danger à combattre cette fois? Oui, d'accord, il faut éviter les abus, dissuader partiellement la migration d'intérêts économiques, sauf que ça va un peu loin là quand même (nous nous fermerions à des opportunités de partage avec des étrangers qui peuvent tout à fait nous apporter des choses, il n'y a pas que les Français et les Européens qui peuvent faire avancer le pays, c'est une idiotie que de croire cela). Que dire de plus? Cette proposition est, sans conteste, un point faible majeur de Marine Le Pen.


3. Le financement du projet :

Dans le cadre de cet exercice particulier qu'est celui que vous êtes en train de lire, je me suis évertué à demeurer le plus objectif possible. Quoi de mieux que les chiffres dans ce cas? Il est clair que le Front National a opté pour une très (trop?) haute considération de la France. Au point d'en oublier que la dette publique n'est pas fictive et qu'elle s'alourdit année après année. C'est pourquoi, le grand bémol de ce parti, ce n'est pas l'immigration, ni l'Europe, c'est le budget. Globalement, Marine Le Pen souhaite booster l'économie nationale (par le biais d'un protectionnisme accru et d'une demande publique intelligente dans son orientation), mais pas seulement. Elle veut (sincèrement sûrement, ce n'est pas le problème) améliorer tous les ministères, sauf que pour ça il faut des moyens importants. Que ce soit au niveau de la Défense, de la Sécurité, de la Justice, de l'Agriculture, etc... On ne peut pas tout (du moins, quasiment) laisser reposer sur la suppression de la contribution de la France à l'Union Européenne. Nous parlons d'une vingtaine de milliards si je ne m'abuse, alors que le budget des dépenses actuel pèse environ vingt fois plus. Les économies faites sur les postes d'élus rentrent en compte, c'est certain, néanmoins j'ai déjà fait le calcul dans la chronique des points forts des candidats (même s'il est très approximatif car il se base sur des données annuelles arrondies), et c'est très loin d'être suffisant. Le financement n'est pratiquement pas travaillé par le FN, on ne peut que blâmer ce point noir du programme. Surtout qu'en cas de sortie de l'UE et de l'Euro, on ne sait pas encore à quel point la croissance pourrait être impactée (ni véritablement comment, en bien ou en mal, même si nous en avons déjà parlé précédemment). Bref, je ne vais pas m'éterniser là-dessus car il n'y a rien à argumenter ou à développer de plus.


Pour conclure

          L'heure du glas sonnera le Dimanche 7 Mai, peuple de France, nous en prendrons tous pour 5 ans ferme, peu importe les arguments de nos avocats, je le crains. Je devine les déceptions, les joies, les abstentions, le soulagement et la révolte qui naîtront face au résultat de ces élections, qui reste, quoi qu'il en soit, tant attendu. J'ai moi-même muté durant ces débats, en m'infligeant l'écriture des articles que vous avez pu lire ou survoler sur ce blog. Mon avis est que l'avenir de la France est de toutes façons bien flou. Je ne cherche pas à attiser du pessimisme ou du dédain vis-à-vis de la politique, seulement nous savons tous très bien que les gouvernements Français pataugent à un moment donné, les uns après les autres, face à l'ampleur de la mission qui leur incombe. Il y a tant de thèmes, tant de lieux à gérer en même temps, qu'il est impossible de tout traiter en cinq ans. Que l'on soit seul ou cent, ce n'est pas le soucis. La France est plutôt petite sur la carte du monde, mais elle n'est pas la cinquième puissance mondiale pour rien. Son système est complexe, ses rouages ne peuvent être maîtrisés par le premier venu.

          Depuis ma naissance, ma famille m'a transmis des valeurs que je prête également à notre pays : le respect, l'ouverture d'esprit, la rigueur, le mérite, la détermination face aux difficultés, la pertinence, le partage, et bien d'autres... J'espère qu'un jour tous les Français se réuniront sous les étoiles que sont les nôtres, afin de constater que nous ne pouvons pas avancer si nous ne sommes pas ensemble. Les idées peuvent s'opposer, néanmoins l'intérêt commun doit présider. L'Etat doit être exemplaire, mériter la confiance du peuple. Le futur Président de la République devra balayer devant sa porte et veiller à ce que son palier reste propre. Il devra être assez fort face au monde qui aspire notre industrie, tendre la main à notre artisanat affaibli, sauver notre agriculture, transformer l'Europe en quelque chose de meilleur, redonner de l'autorité et du sérieux à notre éducation. Bref, il devra redresser la France. Alors, n'oubliez pas que cela n'est pas possible sans nous tous, les Français. Ne commettez pas l'erreur de prétendre que ce projet n'est pas aussi le vôtre. Ne militez pas pour l'exil d'un pays qui vous a fait. Ce serait ignorer ses belles facettes, cracher sur vos ancêtres, qui ont essayé de vous laisser quelque chose qu'ils pensaient bon, malgré ce que vous pouvez ressentir aujourd'hui.

          A toi, peuple de France, je t'adresse mes pensées, je pleure à te voir enflammer les rues. Ta colère, ta déception, elles se comprennent, cependant détruire ton pays c'est anéantir tes chances d'y construire quelque chose. On m'a toujours dit de garder en mémoire les grands personnages historiques, de tirer des leçons de ces hommes et femmes incontournables dans notre culture, mais je n'ai jamais laissé de côté l'histoire des petits. Celle des inconnus qui se sont battus, parfois au sens propre comme au sens de l'esprit. Ceux qui n'ont jamais baissé les bras, même durant les pires heures, et ont continué de porter tous leurs espoirs en ces trois couleurs : bleu, blanc, rouge. Ils savaient, tous, qu'il faisaient le bon choix, parce que croire en soi c'est être capable de tout. Croire en nous, Français, Françaises, c'est avoir conscience de notre futur commun. Quoi qu'il arrive je poursuivrai mon oeuvre, en tant que penseur. J'apposerai simplement mon regard sur le monde, moi aussi plein de rêves et d'espoirs, car je suis convaincu que la France aura toujours une grande place à tenir.

Le Penseur Disparu