05/03/2017

Présidentielles : Zoom sur Emmanuel Macron

L'ultra-libéralisme a un nom

          Sorti du chapeau (ou plutôt de la moumoute) de François Hollande en 2014, Emmanuel Macron a fait ses armes dans le milieu bancaire, au sein de la maison Rotschild. Comme il le dit si bien lui-même : Macron a déjà bien gagné sa vie grâce aux finances. On peut donc considérer (plus ou moins pertinemment) que sa carrière politique n'a pas été amorcée par l'appât du gain. Ainsi placé au Ministère de l'Economie (de l'Industrie et du Numérique, si l'on s'applique à donner l'intitulé complet de ce ministère) de 2014 à 2016, Macron représente un vent de jeunesse au sein du gouvernement Valls. "L'ange de la banque" a ensuite travaillé sérieusement sur sa fameuse loi éponyme, puis sur un second projet qui s'entrecroisa de force (merci Mr Valls) avec la loi Travail (El Khomri, pour les intimes). Nous devons donc, à ce cher Emmanuel, l'assouplissement et l'ultra-libéralisation du système économique Français de ces derniers temps. En somme, Macron a l'idée générale de permettre beaucoup en restreignant moins (ce qui est, d'ailleurs, une définition plus ou moins fidèle du libéralisme).

          Depuis sa lancée en campagne électorale, sous la bannière d'En Marche (son propre parti), Mr Macron a multiplié les meetings et les interventions médiatisées. On ne peut pas lui reprocher de passer inaperçu, par contre il y a bien d'autres éléments qui me chiffonnent le concernant. Le premier exemple que je vais utiliser est le discours du candidat d'En Marche du 4 Février, donné à Lyon : j'ai perdu 2h de ma vie à écouter un homme parler dans le vent. Un coup de miel par ci, un autre par là, un peu de brioche et de beurre doux pour accompagner le tout et pouf, c'est "déjà" terminé. Voilà le vrai problème majeur de Macron : l'absence d'argumentation profonde (d'ailleurs, il a fallu attendre le mois de Mars pour voir naître un "vrai" programme) et le manque de propositions franches (qui tranchent). Je veux bien qu'on me vende sa volonté de rassemblement, mais autour de quoi se base-t-elle? C'est incroyable de voir autant de personnes soutenir un homme qui, tel un prophète religieux, raconte simplement qu'il a une bonne étoile au-dessus de sa tête, qui lui permettra de tous nous sauver sans exception.

          Certains se retrouvent admiratifs devant l'engouement populaire que provoque l'ancien Ministre, alors que ses idées n'ont pas encore été franchement dévoilées. Personnellement, je m'en inquiète sérieusement. Si les Français se mettent à soutenir un homme qui a un projet aussi flou (pour ainsi dire opaque et presque vierge de convictions), c'est soit qu'ils ne croient plus en rien, soit (au contraire) qu'ils sont prêts à croire en tout, même en ce qui n'est pas prononcé. Dans les deux cas, c'est un résultat dramatique provoqué par les précédents acteurs de la vie politique Française. Le peuple est si abîmé aujourd'hui qu'il se perd soit dans l'abandon de l'espoir, soit dans son excès. Les réactions aussi extrêmes donnent rarement de bonnes choses...

Note : ayant commencé à rédiger cet article début Février, j'ajouterai à présent (début Mars) que les révélations sur le programme de Macron sont enfin concrètes (partiellement du moins). Je m'y suis donc intéressé pour la consistance de mon analyse, vous vous en doutez bien.

          Bref, le phénomène Macron fait en tout cas parler de lui et cela le place sous les feux des projecteurs. Disposant de grands moyens pour sa campagne (banquier un jour, banquier toujours?), nulle doute que le candidat "sans étiquette" continuera sur ce rythme jusqu'à l'échéance de ces élections. Je me dois donc d'éplucher ses idées (si bien cachées soient-elles), afin de comprendre qui il est vraiment et quel en est le réel contenu. Pour cette étude, j'ai arpenté de nombreux sites (dont celui de "Les Echos" ou encore de "Direct Matin") et regardé diverses vidéos dans lesquelles Macron s'exprimait. Fort de cette expérience, voici ce que j'ai retenu du projet d'En Marche (malgré cette difficulté à rassembler des idées franches) :


Les 10 idées notables et avérées d'En Marche

- Suppression des cotisations chômage et maladie (sur les salaires) : rendre la Contribution Sociale Généralisée bien plus large pour compenser cette suppression. Le but global de la manœuvre proposée est d'affaiblir le salaire brut des employés, afin qu'il se rapproche davantage du net.
Note : aujourd'hui, la CSG concerne déjà les revenus d'activité (salaires, primes, indemnités, etc...), les revenus de remplacement (chômage, retraite, etc...), les revenus du patrimoine (rentes, revenus fonciers, etc...), les revenus de placement (revenus mobiliers, plus-values immobilières, etc...) et les sommes distribuées par les jeux.

- Assouplissement des 35 heures : selon l'âge du travailleur, le nombre d'heures de travail pourra être aménagé (plus d'heures pour les plus jeunes, moins pour les plus vieux). Modifications générales possibles selon des accords d'entreprise.

- Régime universel de retraite : rendre la retraite indépendante du statut (indépendant, fonctionnaire, salarié), permettre les départs dès 60 ans (maximum à 67 ans).

- Remanier l'éducation par des investissements : création de 12 000 postes d'enseignants (et de 12 000 classes supplémentaires). Revalorisation des salaires des professeurs en zone d'éducation prioritaire.

- Non remplacement de fonctionnaires partant à la retraite : 120 000 postes dans la fonction publique, essentiellement dans les collectivités locales (70 000 postes), ne seront pas renouvelés. Seul le milieu de la santé est clairement épargné, pour le moment. Une économie nette sur le budget de l'état au terme des cinq ans promis par un éventuel quinquennat.

- Paiement "au mérite" dans la fonction publique : encouragement salarial pour les fonctionnaires en activité dans les "zones d'opérations difficiles". Une façon d'encourager les médecins à s'installer en zone actuellement non couverte, par exemple.

- Droit au chômage pour les démissionnaires et les indépendants : rendre possible l'accession au chômage selon certaines conditions dans le cadre d'une démission (chose impossible actuellement), et permettre aux indépendants (entrepreneurs, etc...) d'en bénéficier également en cas de cession d'activité. Proposition couplée à l'arrêt et le démantèlement du RSI.

- Allocations chômage supprimées selon de nouvelles conditions : si un chômeur aidé refuse deux offres d'emploi jugées décentes (dans le corps de son métier de formation, en somme), ses allocations sont arrêtées. Néanmoins, si la branche professionnelle du chômeur est jugée en crise ou bloquée, le chômeur devra suivre une nouvelle formation.

- Réforme de la santé : remboursement à 100% pour les maladies chroniques, les lunettes, les prothèses auditives et dentaires. Vente des médicaments à l'unité, afin de lutter contre le gaspillage.

- Education plus libre et départements refondés : permettre aux écoles (primaires, surtout) d'être beaucoup plus libres dans les choix pédagogiques. Restructurer les départements de façon plus large (ceux absorbés par les grandes villes, entre autres, jugés alors inutiles).

          Après le déballage, vient l'analyse. Il va sans dire que certaines propositions du programme (partiel) présenté sont plutôt surprenantes. La première est intéressante et servira à alléger les masses salariales des entreprises. Effectivement, les cotisations chômage et maladie ne seront plus incluses dans le salaire brut du travailleur. Néanmoins, cette technique pour tenter de créer de l'emploi ou d'améliorer globalement les salaires des employés est vouée à l'échec. Tout d'abord parce que les entreprises (la plupart, pour être sympa) verront là un moyen d'alléger directement leurs frais. Pour ainsi dire, cette mesure ne créera absolument pas d'emploi mais rendra peut-être un peu plus compétitif le coût du travail Français pour les grands patrons (et les petits, aussi, évidemment). C'est un pari risqué puisque les gestionnaires seront forcément tentés de ne pas embaucher davantage, dans le but de se faire plus d'argent concrètement (ou en tout cas d'en perdre moins). Bluffer et spéculer est cependant une technique de travail qui ressemble bien à Emmanuel Macron, bercé par la banque et les finances depuis bien longtemps. Je ne crois pas que cela soit très judicieux à l'échelle nationale. D'autant plus que les salariés ne seront absolument pas plus riches (leurs cotisations seront en fait effectuées sous forme d'impôt, via la CSG).

          L'assouplissement des 35 heures suggéré ensuite me laisse sans voix. A l'heure où les plus de 50 ans se retrouvent au chômage sans presque aucun espoir de nouvel emploi, je ne pensais pas voir une proposition de ce genre arriver. Dans une logique ultra-libérale, elle se comprend, mais pas dans le contexte actuel du marché du travail. Surtout que rien ne précise si les jeunes comme les vieux seront payés tout de même à l'heure (ce qui équilibrerai un peu le rapport), selon l'aménagement d'heures travaillées établi. On navigue ici avec une proposition à demi-mots, qui plongera les travailleurs en bout de parcours dans un gouffre béant. En contrepartie, cela devrait effectivement favoriser l'emploi des jeunes qui arrivent sur le marché. Cruel dilemme donc qu'est celui-ci, bien qu'il soit très important de permettre le renouvellement des générations dans le milieu du travail, il y a comme un goût d'injustice (un poil discriminante) derrière tout ça. Certains prôneront le partage du travail et d'autres éléments du genre avec cette proposition, désolé mais je ne crois pas en cela (qui se solderai par un appauvrissement général des individus, pour faire un raccourci).

          La troisième idée d'En Marche est la transformation de la retraite en retraite universelle. Tout le monde sous le même régime avec ce projet, peu importe le statut des individus. Avec un départ à la retraite possible dès 60 ans, rendu "obligatoire" vers 67 ans. Pourquoi pas, cela laisse le choix aux travailleurs, si tant est qu'ils bénéficient d'un emploi... Bref, une idée plausible à condition de beaucoup d'autres choses, qui ne change pas vraiment la donne pour les départs à la retraite, qui sont de toutes façons de plus en plus repoussés. Macron poursuit son ultra-libéralisme paisiblement, thème par thème, tout simplement. C'est un honnête constat.

          Les quatrième et cinquième points notés seront traités dans ce même paragraphes, car leur concordance est facile à remarquer. En procédant à la fois au non renouvellement de 120 000 postes dans la fonction publique, tout en en créant 12 000 autres dans l'éducation, l'ancien Ministre procède à un renouvellement partiel des fonctionnaires. Il cherche également à préserver le secteur national de la santé, au détriment de plusieurs travailleurs des collectivités territoriales. En gros, encore une fois, Macron se jette à l'eau, tout en étant relié au rivage par un solide cordage. Pour faire court : une fausse prise de position ambigu! D'un côté on crée des postes dans la fonction publique, d'un autre on en supprime. Même si je sais que ce n'est pas aussi simple que cela, laissez moi douter de la contenance d'un tel projet, qui manque cruellement d'audace et propositions franches.

          C'est ainsi que sonne la sixième ligne du programme d'En Marche: la récompense au mérite dans la fonction publique. Bien sûr, aucun chiffre n'est prononcé par le candidat "sans étiquette". L'idée serait de payer davantage les fonctionnaires travaillant dans les zones dites difficiles ou encore non couvertes. Cette mesure peut effectivement en amener certains à se diriger vers ces lieux catalogués dans les "mauvais endroits" (super pour l'insertion sociale en tout cas...), ou plutôt ceux qui ne sont pas classés dans les "planques avérées". Le libéralisme obsédé de Macron n'est pas en cause ici, c'est son sens aigu du capitalisme qui le fait parler. Si on veut que les gens travaillent mieux et soient prêts à prendre des "risques" dans leur métier, il suffit de les payer plus. Sauf que l'individu économique n'est pas toujours aussi rationnel... La démarche est plutôt louable et a un certain sens, néanmoins je vois mal comment Macron peut espérer faire des économies (qu'il projette à plusieurs milliards d'euros, quand même!) dans le pays, s'il se met à distribuer des primes aux fonctionnaires. J'ai beau faire preuve de toute la bonne volonté du monde, je ne pense pas que l'argent soit toujours la solution à nos problèmes, vous devriez y songer Mr Macron (d'autant plus que la France n'en dispose pas de tant que ça). Récompenser le "mérite" c'est bien, "corrompre" le comportement des fonctionnaires par l'argent l'est beaucoup moins en revanche (on remarque d'ailleurs depuis plusieurs années que l'argent ne fait qu'envenimer les situations au sein des fonctionnaires et des élus, il entraîne aussi des conflits d'intérêts, quand il ne s'agit pas de magouilles mafieuses et de détournements scandaleux).

          La septième mesure de l'ancien protégé de François Hollande joue sur deux éléments réels. Le premier est le droit au chômage pour les employés démissionnaires, ainsi que pour les travailleurs indépendants (auto-entrepreneurs et entreprises individuelles, entre autres). Macron encourage de ce fait l'entrepreneuriat ET l'instabilité du marché du travail. Tout le monde peut se mettre à son compte, avec moins de risque, et "n'importe quel" travailleur peut démissionner sans craindre de perdre l'allocation chômage  en bout de démarche (sous réserve qu'un médecin atteste la nuisance, physique ou psychologique, du dit travail sur l'individu). Il y a là une prise de risque énorme (autour des abus divers rendus possibles par ce genre de réforme), assurée seulement par le contribuable, encore et toujours. Je dis stop! Emmanuel Macron va (indirectement) alourdir le coût du chômage sur les travailleurs, ce n'est pas acceptable (son projet va aussi permettre à certains, sous prétexte d'une pression psychologique trop forte, par exemple, de lâcher prise et de rester tranquillement à la maison, pendant que d'autres font les efforts pour tenir et s'accrocher). Néanmoins, le fait de supprimer le RSI peut être bénéfique, à condition qu'un autre organisme institutionnel publique (cette fois-ci) se charge de récolter les cotisations patronales, en guise de remplacement (j'imagine que c'est la suite logique de l'idée, ce serait bien qu'elle soit précisée tout de même, Mr Macron). De cette manière, ces cotisations versées seront bien plus transparentes et utiles à la société (puisqu'elles renforceront celles des employés, par exemple, pour une globalisation/simplification des cotisations au final).

          Le huitième point du programme cité souligne le paradoxe gênant (et incohérent) d'Emmanuel Macron, tantôt gentil avec les uns, tantôt mielleux avec les autres. Cette fois-ci, il est question de supprimer l'allocation chômage à certains bénéficiaires. Une condition immuable est allouée à cette suppression : si le chômeur refuse deux emplois dans sa branche professionnelle (proposés par le Pôle Emploi, j'imagine, là encore ce n'est pas précisé), ses allocations sont arrêtées. L'idée d'En Marche prévoit de former/reconvertir professionnellement les personnes engluées dans des branches qui n'embauchent plus (dans l'espoir de débloquer quelque chose). Autant je suis plutôt favorable à la première partie (même si je n'ai absolument pas confiance en les compétences de Pôle Emploi pour mettre en lien les entreprises et les chercheurs d'emploi, et ce n'est pas un préjugé mais malheureusement le résultat d'expériences personnelles), autant la seconde me chiffonne beaucoup plus. Pourtant, il faut admettre qu'elle est plutôt pleine de bon sens. En effet, un individu spécialisé qui n'a pas de débouché (et donc pas d'avenir professionnel), doit penser à une reconversion s'il veut espérer vivre de son labeur un jour. Sauf que j'imagine très mal des personnes de quarante-cinquante ans, qui exercent "d'anciens métiers" depuis toujours, se mettre à réfléchir à un changement de vie professionnelle. La chose peut paraître plus simple pour une personne plus jeune, et elle l'est car la motivation et l'énergie n'est pas la même, elle n'est toutefois pas évidente non plus. Forcer les gens à se trouver une autre spécialité c'est briser ce qu'ils espéraient construire et vivre. Il est difficile d'imaginer un climat volontaire et sain dans de telles conditions sociales. Il y a ici, à nouveau, un grand danger pour l'équilibre social Français, qui est déjà très fragile (et même déjà ébréché par endroits). J'ai comme l'impression que Macron veut expérimenter, avancer à tâtons, je ne pense pas que ce soit le moment idéal pour ça. La France a besoin d'idées mûres (et neuves à la fois, d'où la complexité de la chose), réfléchies, concrètes. Sans quoi, on risque de casser beaucoup de choses sur son passage. Certains diront qu'on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs, sauf que quand ces œufs sont de êtres humains proches de la misère et en pleine détresse sociale, il faut peut-être faire un peu plus attention à nos actes (pour limiter au maximum les dégâts, le rapport de force entre les sacrifices et les résultats doit être au moins équilibré également).

          L'avant-dernière ligne relevée du projet Macron rapporte l'idée de rembourser à 100% les maladies chroniques, les lunettes, les prothèses auditives et dentaires. Je suis évidemment d'accord avec ce projet, mais j'aimerais bien savoir avec quel argent nous allons pouvoir nous permettre ça... La sécurité sociale sombrant jour après jour dans le néant, il faudra se brosser très fort, très longtemps avant de me faire croire en son efficacité. La proposition est évidemment "gentille", mais complètement irréalisable et décalée (sans oublier racoleuse), à moins que ces prestations là soient absolument les seules à être couvertes par la sécu, et donc que l'on oublie tout le reste. Evidemment non, aucune consistance pour cette proposition par conséquent. La petite phrase sur la vente des médicaments à l'unité est valable si on cherche à lutter contre le gaspillage des médicaments. Par contre, il faut souligner le fait que l'achat à l'unité amènera forcément une augmentation du prix à comparaison quantitative égale, comme pour quasiment tous les produits commercialisés en général (exemple : acheter cinq paquets de pâtes de 200g est souvent plus onéreux que d'acheter directement un paquet d'1kg, logique). Il y aura potentiellement moins de gaspillage vis-à-vis des personnes qui stockent aujourd'hui inutilement des médicaments (ou qui composent leur petite pharmacie personnelle sans grande raison), mais ceux qui auront réellement besoin de ces quantités devront probablement payer un peu plus. Ce n'est tout de même pas très juste, reconnaissons-le. J'ai hâte de voir ce qu'en dira le grand lobby pharmaceutique en tout cas, car ce sera très révélateur du résultat de l'opération. Éventuellement, il y a une alternative à cela : permettre l'achat à l'unité, tout en conservant les boites à quantités définies (pour les traitements sous ordonnance, par exemple). Cependant, je n'ai pas l'impression que cela rentre dans la philosophie pseudo-simplificatrice de Mr Macron.

          Dernier point d'orgue du tour de magie de ce bon petit Emmanuel : l'éducation et les départements. Pour la première, le candidat d'En Marche veut libérer les établissements dans leurs choix pédagogiques, faire en sorte de permettre à chaque instituteur (car cela concernerait plutôt les écoles primaires) de tracer sa méthode et sa façon de suivre (de près ou de loin, du coup) le programme national. Personnellement, je dirais que l'éducation actuelle est déjà très souple et permet beaucoup d'activités, plus ou moins ludiques d'ailleurs, qui varient des cours classiques. Quand les professeurs peuvent faire visionner des films, mettre en place des ateliers divers et variés, organiser des sorties, ou encore expérimenter des méthodes éducatives via l'informatique, on ne peut pas dire que l'éducation est bloquée en terme de moyens mis à disposition (sans oublier qu'elle représente le second budget de l'Etat, derrière le remboursement de la dette, pour rappel). Je crois que le problème est ailleurs, que les motivations sont partiellement éteintes et, surtout, que le symbole de l'école s'effrite année après année. Je ne suis pas contre la "libéralisation scolaire", je ne vois juste pas ce qu'elle peut permettre de plus que ce qu'elle fait actuellement, car oui elle est déjà plutôt actuelle. Bref, passons aux départements. L'ancien banquier voudrait rassembler les départements selon les grandes villes, afin que celles-ci absorbent (à  terme) les "campagnes" moins actives. Pourquoi pas, même si cela risque de permettre aux maires des grandes villes de concentrer davantage de ressources sur leurs circonscriptions. Le double tranchant à cela est que l'on réduira par la même les représentants départementaux. Je suis globalement pour, sous réserve que l'on oblige les agglomérations à prêter attention à tous ces nouveaux territoires qui leurs seront affiliés. Le but est de développer plus facilement toute la zone définie, pas de capitaliser sur un seul sommet urbain.

          Pour conclure, je dirais que le prestidigitateur Macron propose parfois des choses intéressantes, mais qu'elles manquent de développement et de concret pour convaincre totalement. Certaines idées ne peuvent pas être simplement lâchées dans la nature et abandonnées aux mains d'un hasard dangereux. Je pense que le principal problème vient du fait que ce programme est tout récent, et donc son goût d'inabouti/immature reste trop présent. Surtout qu'En Marche use également des ficelles très inspirées du socialisme pour contre-balancer avec des suggestions ultra-libérales. Evidemment, on a l'impression qu'un compromis se fait, et c'est le but recherché. Néanmoins, les mesures proposées ne tranchent pas assez et en sont presque molles. Le désire obsessionnel de Macron de convenir à tout le monde lui donne une image lisse, alors que son programme ne l'est pas forcément. Encore un paradoxe chez cet homme, qui a un potentiel certain en tant qu'homme politique, mais pas en tant qu'homme du peuple.

Le Penseur Disparu